D’après une étude anglaise , 17% des jeunes auraient honte de lire ou d’être vu avec un livre.  Cette étude depuis une bonne semaine fait couler des mots sur le web ou sur pigeon vole. Les réactions consistant en majorité en « pfft n’importe quoi, c’est vraiment con un jeune », « moi j’avais pas honte », « comment peut on avoir honte ? », melée a de l’incompréhension car etonnament le secteur lecture jeunesse est en plein boum !

Et ca m’a rappelé moi, ma jeunesse. J’ai toujours été une grosse lectrice, depuis mes 5 ans quoi. J’ai intégralement lu les bibli de mes différentes classes (on n’avait assez peu de livres a la maison, non pas que mes parents n’aiment pas lire, mais on n’avait pas forcément les sous). Du CE2 au CM2 on avait des brevets de lecture, chaque semaine, un eleve présentait un livre qu’il avait lu a la classe et tout et recevait un petit diplome a la fin. J’ai a peu près 15 diplomes pour chaque année (sur le nb de semaines scolaires je vous laisse imaginer). Bref, j’étais une grosse lectrice, et j’avais pas peur de faire des prez. Deux choses qu’on pas changé.

Sauf qu’au college, lire n’était plus une activité normale, et encore moins compréhensible. On se foutait de ma gueule car j’allais au CDI, j’avais droit aux insultes et autres du meme acabit. J’ai un jour sorti devant des camarades HP et le prisonnier d’Azkaban, j’en ai entendu parler pendant des mois, parce que c’était un pavé, que pour lire ca j’devais vraiment avoir une vie de merde, et tout.

A partir de la, personne a part mes parents, ma soeur et les bibliothecaires n’ont su que je lisais. Même pas les profs.

J’ai pas arreté, c’était une drogue, mais je le planquais, bien. J’ai été hanté la bibli municipale plutot que le cdi, et j’avais plus de livre dans mes cartables. Pourtant, dieu sait que j’en ai gobé du bouquin a cette époque. Mais ouais, j’avais honte. Comme ces 17%. Parce qu’en zep, lire c’est pas cool. Parce que les gens comprenaient pas que je prefere un livre a loft story, parce que ca faisait becheuse, parce que j’avais vraiment pas besoin d’un sujet de moquerie en plus. J’étais faible, trop pour tenir tete, j’en suis pas fière mais c’est comme ca.

Du coup, j’comprend parfaitement ce paradoxe de la honte de lecture malgré un marché en plein boom, je suis sure qu’en ZEP c’est toujours pareil et que lire n’est pas « in » .

Tout ça s’est arreté a la fin du lycée, quand j’ai rencontré des filles pour qui lire n’était pas une tare, et qui lisaient elles-même. J’ai pu faire du lobby pour Lestat et j’ai découvert des romans préhistoriques. Du coup, j’ai recommencé a emmener des bouquins en classe, et a en parler. Tellement en parler que j’ai écrit des chroniques sur ce blog, que j’ai remis Alexandre a la lecture pour finalement fonder ifisDead.

Bref, tout ça pour dire que  moi, je suis pas très étonnée de cette étude, et que je suis loin d’être la seule a avoir vécu ca. C’est dommage, évidemment, mais c’est ni nouveau, ni étonnant. Heureusement, aujourd’hui avec internet, un jeune lecteur se sentira sans doute moins seul que moi…

20 comments on “De la honte de lire …”

  1. Lire est tellement plus à la mode maintenant que y’a Secret Story et autres conneries… C’est dommage parce que c’est bien lire… Enfin… quand on voit les Twilight, Hungergame, La Maison de la Nuit et tout ça, ça donne plutôt envie de fuir les librairies…

    • Oh, bah tu sais , a mon époque (j’ai quitté le college y’a plus de dix ans), c’était déja pas a la mode :x

      A la limite, par contre, j’pensais que Twilight ou HG auraient véhiculé une image positive auprès des jeunes mais pas tant que ca en fait….

  2. J’aimerai dire que je ne comprends pas…
    Ce serait mentir. Je n’ai pas eu la même expérience, à cacher mon vice, mais je savais ce que le monde extérieur pouvait penser.
    Si je n’avais pas été une gosse si renfermée, ça aurait fait le vide autour de moi. Par « chance », le vide était déjà fait.
    Mais lire, c’est un peu être seule. Toujours accompagnée, mais seule. Un paradoxe ambulant.
    C’est quelque chose de très bizarre, d’autant plus quand on est jeune. On a pas toujours le recul pour se détacher du regard des autres.
    Depuis, je suis rentrée en lettres modernes. La tendance s’est inversée: c’est le fait de ne pas lire qui est une tare et une aberration. Mais en dehors de ça, je croise encore régulièrement des adultes qui ne comprennent pas.
    Et en effet, le résultat de cette étude, même s’il est inquiétant, n’est pas étonnant.
    Je sais que ce commentaire est un peu fouillis, mais ce sont les échos que ton texte a éveillés en moi.
    Passe une bonne journée.

    • Marrant que tu parles de ce paradoxe, car c’est exactement ca… J’étais pas seule, et je trouve que certains personnages sont tellement forts que tu te sens pas trop seule.

      Bon, maintenant, j’pense que ca explique aussi l’engouement des blogs lectures et des lc, transformer ce loisir solitaire en loisir social. Et mine de rien c’est cool.

  3. En effet, cette étude n’est pas étonnante selon moi…ça ne m’est jamais arrivé, mais j’ai des amies dont on s’est moqué justement parce qu’elles passent énormément de temps à lire, même pendant les récréations. En revanche personnellement je n’ai jamais eu honte de lire: j’ai toujours adoré (et adore toujours) ça, et selon moi je ne fais absolument rien qui justifie des moqueries. Ceux que je ne comprend pas, c’est ceux qui ne lisent jamais, pas ceux qui lisent!^^

  4. Oui il y a une partie de la vie, généralement l’adolescence, qui n’est pas un âge tendre. Les intellos ne sont pas bien vus. J’avais beau être en école privé, être le premier de classe ou un grand lecteur solitaire n’était pas le meilleur rôle. Dommage, il faudrait trouver un moyen de rendre la lecture sexy aux yeux des jeunes car ils ont tout à y gagner.

  5. Moi aussi j’adorais lire et ce depuis le CP. Là où les autres enfants peinaient à retenir leur leçon de lecture, j’étais déjà 3 leçon devant eux, et ça s’est pas arrangé quand j’ai pu enfin lire les romans de la bibliothèque rose. Puis ce fut le tour de la bibliothèque verte.
    Moi aussi j’étais de ces rares personnes à aller passer du temps au CDI durant mes perm (c’était toujours plus funky que la classe bondée de permanence où ça puait le fenec).
    Et évidemment, j’étais considérée comme une bizarrerie et mise à l’écart. Et cette tendance a perdurée jusqu’à mon bac. Heureusement, je n’étais pas en ZEP (bien qu’aujourd’hui l’établissement en question en soit devenu un) donc je n’ai jamais eu à me cacher. Mais je comprends parfaitement ce que c’est pour certains ado de devoir se faire discret pour rentrer dans le moule.

    • Haha , un peu pareil, en vrai, je savais lire a 5 ans (maman m’avais appris, ché pas trop comment d’ailleurs), du coup j’ai sauté une classe grace a ca, et j’adoooorais lire.

  6. A priori, j’allais dire que c’est ridicule d’avoir honte… Mais j’ai réfléchi et repensé que parfois j’ai aussi un peu caché ce que je lisais. Au collège ou au lycée ou tout le monde râle de devoir lire du Balzac ou du Stendhal, dur d’assumer d’avoir bien aimé… Voir même de l’avoir lu avant même d’y être obligée…

  7. Ah, le collège. Perso il ne me semble pas avoir eu honte de lire, ou alors peut être que mes camarades étaient déjà assez occupés avec mon statut d' »intello » et que du coup il était logique que j’aille avec des loisirs comme la lecture. Mais ton anecdote sur HP est vraiment parlante, et assez terrifiante, du coup le nombre donné dans l’étude me semble assez plausible, il doit y avoir pas mal de jeunes n’osant pas approcher les livres alors qu’ils en auraient envie. On dirait que de nos jours, pour les collégiens, il faut que le loisir soit du « vidage de crâne » et non quelque chose qui va t’enrichir. Mais ça va mieux avec le temps (ou avec les études qui avancent ? XD)
    Et du coup, la lecture rentre dans la catégorie « loisir solitaire » et est souvent associée à quelqu’un de renfermé, ce qui m’énerve profondément. Une fois par exemple, un mec à analysé mon CV, dans lequel je disais que je lisais et il commence à me dire « oui alors c’est une activité solitaire, qui peut laisser penser que vous n’aimez pas être et travailler avec des gens ».
    (ce souvenir est en train de me réénerver donc je vais m’arrêter là)

  8. Moi c’est au lycée que je m’en suis pris pleins la poire parce que je lisais. Mais je m’en foutais un peu parce que de toute manière les gens ne m’aimaient pas, alors que ce soit pour ça ou pour autre chose? Rien à faire.
    Ensuite j’ai fais fac de lettre et ironiquement là aussi je me faisais exclure parce que je lisais. Fac de lettres hein, là où les gens sont censés lire… Tant pis. Du coup je me rappelle, en primaire, la directrice avait refusé que je saute une classe parce que je lisais pendant les récrés (bon !)
    J’adore lire, je trouve dommage que les gens qui lisent soient mal vu plutôt qu’applaudis. Mais apparement se cultiver n’est pas une bonne chose (sauf la culture par le vide avec les télés réalités).

  9. Je suis encore au lycée et on se fout encore de ma gueule. Je pense que encore moi c’est moins pire que ce que tu as du subire mais c’est quand même des moqueries. Des trucs du style : « pourquoi tu lis ? Tu t’ennuies dans ta vie ou quoi ? » et puis en cours quand les profs parlent de certains livres moi je suis genre « mais je l’ai déjà lu » et les gens me font « mais toi qui lis bcp tu ne l’as déjà lu ? » on pourrait croire que ce n’est que de l’intérêt mais c’est dis avec méchanceté et il n’y a aucun moyen de se tromper sur les gentillesse.
    Bref. Je fais partie des 17% qui se cache pour lire : parce que sa fait pas hype, parce qu’on se fait chambrer et que c’est chiant. Mais cela ne m’empechera pas de lire !

  10. Ce que tu dis est tellement réel, quand j’étais plus jeune j’ai connu ça aussi. C’est triste que lire ne soit pas « à la mode », que l’on passe pour des « intello » et autres qualificatifs du genre… Les jeunes entre eux sont méchants et la plupart ne s’intéressent pas à ce type d’activités.
    c’est vraiment désespérant je trouve, la société me déprime…

  11. Au collège je lisais déjà beaucoup et étais de toute façon considérée comme la grosse intello mais à côté de ça j’avais un cercle d’amis et de connaissances assez élargi donc j’ai jamais vraiment eu à subir de moqueries, à part de certains débiles que je ne fréquentais pas et dont je me foutais éperdument de toute façon. Après j’étais dans le lycée de ma ville qui était considéré comme le lycée des intellos (alors que franchement…) donc pas mal de personnes lisaient au coin d’un couloir où sur un banc dehors, peu de gens considéraient ça comme de la bizarrerie ^^ Je commence la fac demain, on verra ce qu’il en est ^^

  12. (Je viens d’atterrir ici via ton autre blog, c’est une belle découverte =))

    Je n’étais pas en ZEP mais en zone bien rurale… et je comprends tout à fait. J’ai vécu primaire et collège comme une sorte de petit enfer (en nuançant bien sûr) : bizutage, racket, pas d’amis, blablabla… merci pour ton témoignage, j’ai longtemps pensé être la seule – dans mon collège j’étais la seule en tout cas !! ^^ Je m’en suis plutôt mal sortie, heureusement ^^

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